Salon International des Dattes au Maroc 2024 : La recherche agricole et l’investissement, des leviers de développement durable des oasis, au cœur du programme scientifique
Le Forum de l’Investissement et la Journée scientifique, organisés le 31 octobre 2024 en marge du SIDATTES, ont connu une forte affluence. Les jeunes entrepreneurs ont pu s’enquérir des dernières avancées technologiques et de la myriade de mesures incitatives proposées par le gouvernement. Tour d’horizon des temps forts de ces deux événements phares qui ont confirmé la dynamique d’investissement impulsée dans le secteur grâce à la stratégie Génération Green.
La dynamique de développement et de modernisation de la
filière phoenicicole se poursuit. C’est ce qui ressort de la Journée
scientifique et du Forum de l’Investissement, organisés le 31 octobre 2024 à
Erfoud en marge de la 13ème édition du Salon International des Dattes au Maroc
(SIDATTES).
Les deux événements ont rassemblé l’ensemble des acteurs
de la filière phoenicicole autour de sujets cruciaux et d’actualité, liés au renforcement de la
résilience et de la durabilité des écosystèmes oasiens et aux opportunités
d’investissement dans la filière palmier dattier.
Ayant pour thème « L’investissement dans la filière
phoenicicole, levier pour l’émergence de systèmes résilients au changement
climatique », le Forum de l’Investissement, organisé par l'Agence pour le
Développement Agricole (ADA) et le Groupe Crédit Agricole du Maroc (GCAM), en
partenariat avec l'Agence Nationale de Développement des Zones Oasiennes et de
l'Arganier (ANDZOA) a connu un franc succès.
« Le SIDATTES et le Forum de l’investissement nous permettent de
faire le point sur les principales avancées, de débattre
des contraintes liées au secteur et surtout de communiquer autour des mesures
incitatives pour la promotion des investissements dans le secteur. Notre
ambition est de mettre en avant une nouvelle génération d’entrepreneurs dotée
d’une nouvelle vision moderne et inclusive de l’acte d’investir qui protège la
biodiversité des oasis et renforce sa résilience », a déclaré Dr.
Bachir Saoud, président de l'Association du Salon International des Dattes au
Maroc (ASIDMA) ; un avis partagé par M. El Mahdi Arrifi, Directeur
Général de l'Agence pour le Développement Agricole (ADA).
« Cet événement d’envergure offre également une
plateforme d’échanges et contribue à l’essor et à la valorisation de la filière
palmier dattier. Cette filière a connu un véritable bond grâce aux stratégies
Plan Maroc Vert et Génération Green, consolidant son rôle de moteur de
développement socio-économique dans les régions productrices de dattes »,
a ajouté M. El Mahdi Arrifi.
Pour une datte marocaine mieux valorisée
Les mesures et programmes de soutien au profit de la
filière palmier dattier ont donné leurs fruits et contribué à poser les bases
d’une véritable dynamique d’investissement dans la filière, a indiqué le
Directeur Général de l’ADA. « Le secteur compte aujourd’hui 62 unités
de valorisation qui ont permis la valorisation de 24.640 tonnes de dattes en
2023, en plus de la création de 25 groupements d’intérêt économique (GIE),
regroupant 433 coopératives et 7.637 producteurs, dont 1.474 femmes. De même, plus de
70 coopératives de services ont été créées, comptant 992 membres dont
372 femmes et 340 jeunes», a annoncé M. El
Mahdi Arrifi au parterre d’experts et de professionnels venus nombreux
s’enquérir des dernières nouveautés du secteur et des mesures incitatives mises
en place.
Organisée par l’ANDZOA, l’Institut National de la
Recherche et Agricole (INRA) et l'Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), sous le thème « La recherche
scientifique socle de résilience des oasis à l’ère des changements
climatiques », la journée scientifique a porté sur les avancées de la
recherche agricole en matière de durabilité des écosystèmes oasiens et de
développement durable de la filière phoenicicole.
La problématique de la rareté des ressources hydriques a
occupé une place importante dans les débats. La réhabilitation des khettaras dans
les zones oasiennes constitue dans ce cadre une des solutions adoptées dans le
cadre de la stratégie de sauvegarde des palmeraies aux côtés des programmes de
l’irrigation mis en place dans le cadre de la stratégie Génération Green.
L’irrigation à basse pression constitue une solution
innovante et une grande avancée en matière de gestion durable des ressources en
eau dans les oasis. Ayant nécessité sept années de recherches par les équipes
de l’INRA et le Centre international de recherche agricole dans les zones
arides (ICARDA), le procédé dénommé POWERIr a été
déployé dans sa phase test. Ce dernier a
révélé des résultats très satisfaisants,
permettant des économies en énergie et en ressources hydriques à hauteur de
40%, a révélé M. Vinay Nangia, chercheur
principal à l’ICARDA et professeur à l’université Tottori au Japon, rappelant que ce travail de
recherche a été soutenu par le prestigieux Massachusetts Institute of
Technology (MIT).
L’agriculture intégrée, la santé des sols, le
développement de cultures résilientes et la préservation de la biodiversité,
sans des facteurs aussi importants à intégrer dans les stratégies de
préservation et de développement durable des écosystèmes oasiens comme expliqué
par les experts dans leurs interventions.
Les oasis marocaines à l’heure de l’IA, des
robots et des drones
A l’ère du digital et de l’IA, le programme scientifique
de la 13ème édition du SIDATTES a été sans conteste inscrit sous le signe de la
digitalisation et de l’innovation en faveur du renforcement de la résilience
des écosystèmes oasiens face aux changements
climatiques. Les chercheurs de l’INRA,
les responsables de l’ADA et de l’ANDZOA ont échangé avec les participants autour des
dernières innovations, à l’instar de l’utilisation des
drones pour une meilleure pollinisation du palmier-dattier et la généralisation
de la cartographie de la fertilité des sols des palmeraies marocaines.
L’un des temps forts de la journée, la
présentation lors du Forum de l’investissement, d’une invention avant-gardiste qui
permet, grâce à un robot mobile, de lutter contre les maladies du palmier-dattier, notamment le Bayoud
et la pourriture des inflorescences. Basé sur l’intelligence artificielle et
l’internet des objets, ce robot Made in Morocco a été testé dans des conditions
réelles, affichant un taux exceptionnel de réussite de 96%. Ce projet, fruit de
l’initiative Agriyoung Innovate portée par l’ADA, en partenariat avec
Korean-World Bank Partnership Facility et l’Université Mohammed 6 Polytechnique.
Une nouvelle génération de jeunes
entrepreneurs voit le jour
La nouvelle approche prônée par la stratégie Génération
Green se veut participative, fédératrice et inclusive, plaçant parmi ses priorités
l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs agricoles. Une
approche de proximité a été développée avec les jeunes entrepreneurs, à travers
notamment, la mise en place de Centres régionaux des jeunes entrepreneurs
agricoles et agroalimentaires (CRJEA) pour les accompagner les jeunes porteurs
de projets d’entrepreneuriat ou d’investissement dans toutes les phases depuis
la création du projet jusqu’à son déploiement. Plusieurs offres et incitations
sont mises à disposition, notamment à travers le Fonds de développement
agricole et les différents programmes de financement. Le programme ISTIDAMA
développé par le Groupe Crédit Agricole du Maroc, qui vise à promouvoir la
transition verte des secteurs agricole et agro-industriel a également été mis
en avant.
Une plateforme digitale et plusieurs mécanismes ont été
développés, ainsi que des actions d’accompagnement de projets pour les jeunes
entrepreneurs dans le cadre d’incubateurs.
La dynamique de modernisation de la filière palmier dattier
est en marche dans le cadre du contrat-programme de développement de la filière
conclu par l’Etat avec l’interprofession des dattes pour la période 2021-2030.
La montée en puissance de cette filière phare qui constitue un pilier de l’écosystème
oasien, dépendra étroitement de deux facteurs, l’accélération du rythme des
investissements dans le secteur, portés par les investisseurs et les jeunes
entrepreneurs, et l’utilisation de solutions technologiques et innovantes à
même d’améliorer la productivité et les process le long de la chaine de valeur
de la filière, pour une filière plus compétitive.
Le Forum de l’Investissement et la Journée scientifique
ont permis aux experts et acteurs du secteur de se pencher sur ces défis et
d’échanger autour des leviers permettant de préserver les écosystèmes oasiens
et en faire de véritables locomotives de développement socio-économique dans
notre pays.